Charlus & Jupien

© Francis Amiand

« Or Jupien, perdant aussitôt l’air humble et bon que je lui avais toujours connu, avait — en symétrie parfaite avec le baron — redressé la tête, donnait à sa taille un port avantageux, posait avec une impertinence grotesque son poing sur la hanche, faisait saillir son derrière, prenait des poses avec la coquetterie qu’aurait pu avoir l’orchidée pour le bourdon providentiellement survenu. »

Marcel Proust, Sodome et Gomorrhe
Charlus & Jupien - Collection Particulière
© Francis Amiand
Robert de Montesquiou. Giovanni Boldini (1897). Orsay museum, Paris.
Le Comte Robert de Montesquiou, Giovanni Boldini, 1897. Paris, Musée d’Orsay.
Portrait du Baron de Charlus, Jean Cocteau ca. 1921-1923. (Jacques Guérin – Vente, 20 mai 1992, lot 84, Sotheby’s).

Charlus, le personnage

Palamède de Guermantes, Baron de Charlus est l’oncle de Saint-Loup. Le poète Robert de Montesquiou en serait la principale source d’inspiration même si Marcel Proust a toujours reconnu une identification nombreuse et fuyante à ses personnages.

Dans les premières pages de Sodome et Gomorrhe, le Narrateur surprend Charlus en plein ébat amoureux avec Jupien, un jeune giletier.

Or Jupien, perdant aussitôt l’air humble et bon que je lui avais toujours connu, avait — en symétrie parfaite avec le baron — redressé la tête, donnait à sa taille un port avantageux, posait avec une impertinence grotesque son poing sur la hanche, faisait saillir son derrière, prenait des poses avec la coquetterie qu’aurait pu avoir l’orchidée pour le bourdon providentiellement survenu.

Marcel Proust, Sodome et Gomorrhe

Le Narrateur découvre alors le Baron de Charlus sous un autre jour, celui d’un insatiable chasseur d’hommes. Jupien devient par la suite le secrétaire de Charlus puis l’administreur d’une maison close pour le compte du Baron. 

Cette célèbre scène de La Recherche a inspiré Anthony Guerrée pour la création de la chauffeuse « Charlus » et de l’ottoman « Jupien ».

Duchesse brisée de style Louis XV estampillée M. Cresson (XVIIIᵉ siècle) Sotheby’s, vente Pierre Bergé « From one to another » 2018.
Extrait du cahier de recherche.

De la Littérature au design

Charlus et le mobilier dans le roman

Le Baron possède une connaissance érudite du mobilier et s’amuse à tester les connaissances du Narrateur en la matière en lui proposant de s’assoir sur son siège Louis XIV. Le Narrateur s’assit sur le fauteuil le plus proche de lui. Le baron s’écria avec ironie : 

Ah ! voilà ce que vous appelez un fauteuil Louis XIV ! Je vois que vous êtes un jeune homme instruit.

Marcel Proust, Le Côté de Guermantes

Le mobilier est donc pour Charlus un moyen d’exprimer sa supériorité aristocratique :

Il avait l’habitude après dîner, tant il aimait à jouer au roi, de s’étaler dans un fauteuil au fumoir, en laissant ses invités autour de lui.

Marcel Proust, Le Côté de Guermantes

Vers une chauffeuse et son ottoman

Le luxe d’une assise proche du sol propice au délassement. La chauffeuse « Charlus » et l’ottoman « Jupien » revisitent la duchesse brisée : chaise longue en deux parties distinctes et séparables. Le chêne brossé teinté noir souligne le dessin délié de la structure. Le cuir naturel poncé couleur cognac offre un toucher extrêmement doux aux coussins et au dossier.

© Anthony Guerrée
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