Elstir

Elstir, face
© Roland Tisserand – chez Atmosphère d’Ailleurs – Fleurs par Debeaulieu

« L’atelier d’Elstir m’apparut comme un laboratoire d’une sorte de nouvelle création du monde, où, du chaos que sont toutes les choses que nous voyons, il avait tiré, en peignant sur divers rectangles de toile qui étaient posés dans tous les sens, ici une vague de la mer écrasant avec colère sur le sable son écume lilas, là un jeune homme… »

Marcel Proust, À l’ombre des jeunes filles en fleurs
Elstir — Dos
© Roland Tisserand – chez Atmosphère d’Ailleurs
Peintures en huile, en miniature et encaustique, Planche IV, Encyclopédie Diderot, D’Alembert, 1772.
Claude Monet, Matinée sur la Seine près de Giverny, 1897, Wildenstein 1483, collection privée.

Elstir, le personnage

Elstir est le peintre dans le roman de Proust. Il appartient au courant impressionniste. Celui-ci s’efforce de ne pas exposer les choses telles qu’il sait qu’elles sont. « […] mais selon ces illusions optiques dont notre vision première est faite. »

« Les jeunes filles en fleurs » de Balbec ont l’habitude de fréquenter l’atelier d’Elstir. Le Narrateur va donc tout faire pour se faire présenter Albertine par le peintre.

Quand j’arrivai chez Elstir, un peu plus tard, je crus d’abord que Mlle Simonet n’était pas dans l’atelier. Il y avait bien une jeune fille assise, en robe de soie, nu tête, mais de laquelle je ne connaissais pas la magnifique chevelure, ni le nez, ni ce teint et où je ne retrouvais pas l’entité que j’avais extraite d’une jeune cycliste se promenant coiffée d’un polo, le long de la mer. C’était pourtant Albertine.

Marcel Proust, À l’ombre des jeunes filles en fleurs
© Roland Tisserand – chez Atmosphère d’Ailleurs
Gebrüder Thonet, Rocking Chair, ca. 1860 – Collection du MoMA New-York.
Extrait du cahier de recherche.

De la Littérature au design

Vers une chaise à bascule

La description de l’atelier d’Elstir est un très beau passage du roman :

L’atelier d’Elstir m’apparut comme un laboratoire d’une sorte de nouvelle création du monde, où, du chaos que sont toutes les choses que nous voyons, il avait tiré, en peignant sur divers rectangles de toile qui étaient posés dans tous les sens, ici une vague de la mer écrasant avec colère sur le sable son écume lilas, là un jeune homme…

Marcel Proust, À l’ombre des jeunes filles en fleurs

Le grand proustien Jean-Yves Tadié souligne la similitude de l’atelier d’Elstir avec la chambre-bureau de Marcel Proust : « L’atelier d’Elstir est, comme celui de Proust, tapissé de ces esquisses, traces de sa vie et de sa réflexion ».

Le « rocking chair » ou chaise à bascule est une typologie de siège datant du début du XIXème siècle notamment développée par Michael Thonet. C’est devenu ensuite un objet typique de la communauté protestante des shakers car disaient-ils, son balancement permettait de guider leurs regards vers le ciel… Anthony Guerrée a choisi de chaisifier Elstir en rocking-chair pour souligner l’importance du mouvement et du temps pour les impressionnistes.

© Anthony Guerrée
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